Mot du Président fondateur
Il suffit parfois d’observer un enfant naître, pousser son premier cri, pour comprendre à quel point la vie est un miracle fragile. L’homme, dans sa simplicité première, porte déjà en lui l’écho d’un droit fondamental : celui d’exister avec dignité. Avant même qu’on ne le lui dise, il le sent. Il le sait quelque part. Ce n’est pas une invention. Ce n’est pas un luxe. C’est une nécessité. Et pourtant… pourtant, en regardant ce que devient le monde, on a parfois l’impression que cette évidence s’efface. Que l’essence même de l’être humain est bousculée, étouffée, malmenée par les structures qu’il a lui-même mises en place.
Le progrès est là, oui. Mais il n’est pas neutre. Les technologies avancent plus vite que notre capacité à les interroger. Des frontières s’effacent, mais d’autres se dressent : celles de l’indifférence, de l’égoïsme, du silence complice. Il devient presque banal de voir un peuple opprimé, un adolescent bâillonné, une femme abandonnée à la brutalité d’un système froid. Et nous ? Nous vivons, nous avançons, mais… à quel prix ?
Le droit, justement, n’est pas cette matière poussiéreuse réservée aux tribunaux et aux amphithéâtres. C’est une science vivante. Une boussole dans le tumulte – ou plutôt, une tentative de boussole. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de règles, de lois, de codes. Il s’agit de rapports humains. D’autorité et de liberté. De gouvernants et de gouvernés. De la manière dont on décide, ou pas, de protéger l’autre. Il faut le dire clairement : si le droit ne sert pas à élever l’humanité, alors il ne sert pas.
C’est avec cette conviction que nous avons créé l’association. J’étais jeune. Peut-être un peu fou. Mais j’y croyais. Je voyais autour de moi des visages, des intelligences, des volontés prêtes à s’unir. Et j’ai rassemblé. On a rassemblé. On s’est réuni, pas autour de grandes théories, mais autour d’une idée toute simple : que l’on pouvait faire quelque chose. Même à petite échelle. Même dans un coin du monde que beaucoup ignorent.
Depuis 2018, beaucoup de choses ont changé. Et pourtant, je crois qu’au fond, nous sommes restés les mêmes : entiers, animés, profondément engagés. On a appris. Parfois dans la douleur. Parfois dans l’euphorie. Mais chaque étape nous a forgés. On ne fait pas ce travail pour se donner un nom. On le fait parce qu’on ne peut pas ne pas le faire.
Les défis ? Il y en a. Trop. Mais on ne les fuit pas. Parce que l’enjeu dépasse nos intérêts personnels. Ce que nous bâtissons, ce n’est pas une vitrine, c’est une mémoire collective, une ligne de résistance. On voit des enfants dormir sans toit, des jeunes enfermés pour avoir pensé tout haut, des peuples entiers rayés de la carte des préoccupations mondiales. Et nous ? Nous ne voulons pas détourner le regard.
Notre combat, c’est celui du droit à la dignité. Pour les réfugiés, pour les orphelins, pour les veuves, pour ceux qu’on oublie dans les marges. Mais aussi – et peut-être surtout – pour ces générations à venir, à qui nous devons autre chose que notre silence. On parle de droit, oui. Mais on parle aussi d’humanité. D’élévation. Pas celle des diplômes, ni des titres, mais celle du cœur.
Aujourd’hui, notre association tient debout. Non pas grâce à moi, mais grâce à nous tous. Grâce à ceux qui s’investissent, qui conseillent, qui tendent la main sans rien attendre. On essaie. On rate parfois. Mais on essaie encore. C’est ça, notre force. Et notre fierté.
Alors, si vous nous rejoignez, ne venez pas pour suivre. Venez pour porter. Pour penser. Pour agir. Pour vous engager dans quelque chose qui, même minuscule à vos yeux, peut être immense pour quelqu’un d’autre.
Merci à celles et ceux qui marchent avec nous. Continuons. Parce que ce que nous faisons est juste. Et parce que le monde a besoin de cette forme de justice-là.
Avec tout le respect que je vous dois,
Junior DEGUENON
Président Fondateur